(Non, je vous rassure le titre de ce billet n’a rien à voir avec le weekend baise, on l’avait décalé, premier weekend des soldes obligeait...)
J’entretiens un rapport tout particulier à l’ennui;
C’est comme un compagnon de vie qui disparait de temps en temps mais finit toujours par revenir...
C’est le thème favori de Sofia Coppola et c’est pour cela que son cinéma résonne en moi plus encore que les autres.
D’aussi loin que je me souvienne, enfant, je m’ennuyais très souvent.
Je réclamais toujours que l’on joue avec moi mais ce n’était pas le style de la maison.
Je regardais mes parents et ma sœur lire pendant des heures,
seuls chacun dans leurs lignes.
Dans cette famille, j’avais l’impression d’être un extra-terrestre de m’ennuyer de la sorte.
J’étais incapable de m’occuper toute seule.
On m’a offert un cochon d'Inde pour remplacer mes parents débordés,
mais il est mort au bout de six mois.
Ils ont tenté de me mettre à la console,
mais je ne m’y suis jamais vraiment intéressée.
J’ai eu le droit à la guitare classique, à la GRS, au cours de cuisine, de couture.
J’avais une ultra exigence à la vie, si ce que l’on me proposait n'était pas GENIAL, je ne voyais pas l'intérêt de le faire, alors je ne faisais rien.
Même étudiante, je pouvais tourner en rond des heures durant sans avoir la moindre idée pour remplir ma journée.
Cela me plongeait dans une perplexité profonde, le but de la vie ne pouvait pas se résumer à meubler le temps par des petites choses insignifiantes entre deux grands voyages.
Un jour, au détour d’une soirée bien arrosée, je suis tombée sur l’occupation la plus prenante qui soit.
Je me suis mise à fumer.
Les dimanches après midi pluvieux
une soirée sans télé,
un trou de quelques heures dans mon planning de vacances,
un train en retard,
Tous ces moments habituellement angoissants pour moi se transformèrent en doux rendez-vous.
J’ai aussi découvert le plaisir d’être seule dans le noir sur mon balcon,
d’attendre quelqu’un dans la rue,
de passer des journées entières à ne pas faire grand chose mais de m’en contenter.
J’imagine que c’est très politiquement incorrect de dire ça mais la cigarette m’a permis d'apprivoiser ces moments d’ennui profond.
Et puis il a bien fallu que je passe par la case ANALYSE.
J’ai «suivi» quelqu’un, ou quelqu'un me suivait d’ailleurs, je ne sais pas dans quel sens ça marche cette histoire.
On m’y a expliqué quelque chose de très important:
L’ennui n'existe pas vraiment en tant que tel, il est juste la résultante d’un état dépressif.
PAF, PREND ÇA DANS LA GUEULE, ça fera 250 euros s’il vous plait mademoiselle.
A chaque fois que je m’ennuyais c’est parce que je déprimais...depuis l’enfance...
(Mes parents auraient évidemment dû jouer plus avec moi mais ça m’aurait couté trop cher de m’attarder dessus, je suis donc allée directement à la case «pardon» sans passer par la case «reproches»)
.
Depuis, j’ai réussi à semer celui qui me suivait, je l’ai laissé sur le coin de la route.
Je ne m’ennuie plus.
J’ai arrêté de fumer aussi.
(Fumer tue…vraiment)
Mais je regrette souvent ces moments de face à face avec moi même que seule une cigarette grillée dans le noir, sur mon balcon d’étudiante, m’offrait.
Ce plaisir égoïste et malsain perdu au milieu d’une vie raisonnable et ennuyeuse.
Ça résonne fort ce que tu dis.
RépondreSupprimerL'ennui pour moi, c'est une phase constructive, un moment de désespoir sournois qui nous ouvre du temps pour la remise en question.
Très juste, et ne plus en avoir peur permet, en effet, de rendre l'ennui constructif.
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